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que par la crainte, il appela Cerson pour lui dire qu’il lui pardonnerait tout, à la condition qu’il resterait fidèle au prince. Cerson le haïssait si mortellement, qu’il se jette sur lui pour l’étrangler ; l’abbé assis, pris à l’improviste, vient pourtant à bout de se dégager. Ses gens accourent au bruit :

— Jetez cet homme à la porte, dit l’abbé, mais qu’on ne lui fasse aucun mal.

Ce paladin d’abbé, ce descendant de Godefroid de Bouillon, eût dû étrangler Cerson, puisque c’était le cas de légitime défense. Cerson s’échappe sain et sauf et va dénoncer le prince. Le lendemain, un domestique effaré accourt au salon où causaient tranquillement les deux frères :

— On vient arrêter Son Altesse. Ils sont là !

— Prie pour moi, dit l’abbé au prince.

Et il s’élance dans l’antichambre.

— Qui demandez-vous, citoyens ?

— Nous venons arrêter le ci-devant duc de Bouillon.

— Me voici, marchons !

On le mène au comité de salut public.

— Es-tu le ci-devant duc de Bouillon ?