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ments philosophiques, pour n’être signé que d’un de ces noms illustres, n’en est pas moins sorti d’une double inspiration. M. Renan le proclame avec la chaleur de l’amitié dans une touchante dédicace, et, dans le cours de l’ouvrage, une lettre de M. Berthelot, page capitale qui répond à toute la logique du livre et qui la confirme victorieusement, prouve de reste que ces deux grandes intelligences ont agi l’une sur l’autre à la manière de deux éléments qui se pénètrent sans se transformer et sans rien perdre de ce qui constitue leur force. Ils ne se sont pas fait de concessions mutuelles, on le voit bien. Rien en eux-mêmes ne s’est désagrégé. C’eût été bien dommage, car il est rare que deux esprits de nature différente se confondent sans s’atténuer mutuellement. M. Renan a gardé son idéal de logique et de sentiment. M. Berthelot garde sa puissance expérimentale, sa certitude basée sur l’évidence, et il s’est produit un fait rare, digne de notre admiration. Ils ne se sont pas heurtés dans la discussion, ils n’ont pas même songé à se combattre. C’est peut-être la première fois, dans l’histoire de la philosophie, qu’un pareil fait se produit, et je ne sais si on l’a remarqué