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jouer des pièces sérieuses si on en avait envie. On peut, en tout cas, aborder des situations d’un réel intérêt, sans qu’un geste déplacé ou une attitude ridicule les compromettent.

L’adresse de l’opérant et son délicat outillage font le reste, ses personnages portent leurs sièges pour s’asseoir à la place qui convient, ils font un lit en scène, ils prennent un flambeau ou une lampe sur un meuble pour le mettre sur un autre. Ils servent un repas, ils se déshabillent et se rhabillent devant le spectateur, ils ôtent leurs chapeaux et les remettent, ils se battent en duel, ils valsent et dansent avec beaucoup de grâce et d’entrain. En réalité, ils ne prennent rien ; l’objet qui leur est nécessaire leur est présenté au bout d’une mince tige de fil de fer qui accompagne leur mouvement et leur permet de le saisir en apparence avec une seule main, sans que leurs deux pattes serrées au corps les rendent ridicules.

Et tout ceci est si bien agencé et réglé, que l’opérant tout seul a pu faire agir les deux ou trois cents personnages d’une féerie, faire surgir ou disparaître des forêts, des palais enchantés, démolir des forteresses, incendier des villes,