Page:Sand - Dernieres pages.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

beau lac qui pourrait être un lac suisse ; elle paraît de plus en plus tournée vers l’exaltation religieuse et le désenchantement des choses de ce monde.

Non, désert populeux, monde stérile et vain,

Limon que j’ai foulé, tu n’es point ma patrie.
Laissez-moi rejeter, proie informe et livide,
cette argile importune, au sépulcre altéré.

Périssable soleil, adieu !

Sur ce globe où tu luis, j’ai souffert solitaire.
Mais d’un autre soleil j’entrevois la splendeur.

Et mon âme est loin de la terre
Qu’effleure mon pied voyageur.

Il semble qu’elle songe à prendre le voile. Qui l’a retenue dans la vie ? Je perds tout à fait sa trace, car, entre le premier livre de vers et le second qui complète le volume, il s’est fait un changement capital, soit le passage de beaucoup d’années, soit une révolution intérieure décisive. Elle n’aspire plus à se fondre en Dieu avant l’heure ; elle ne parle presque plus d’elle-même, on dirait qu’elle a dépouillé sa personnalité. Au monologue ascétique a succédé le dialogue tendre. Elle a épuisé la phase du renoncement,