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a remplacé chez lui la critique et consolé ses dernières années. Mais il a conservé malgré lui l’esprit critique. Il décrit tandis qu’elle chante, et, sous ce rapport (je voudrais qu’elle ne lût pas ceci, elle s’en fâchera), elle est bien supérieure à lui. Il faut bien dire ce que l’on pense, ou ne rien dire du tout.

Mais il avait une puissance bien à lui, la personne était supérieure en lui à l’écrivain. Il avait le don de la parole. Sa pensée, qui se refroidissait dans le vers écrit, s’exprimait vivante et ornée de mille grâces dans la causerie intime. Autant il avait de verve dans la raillerie et de mordante amertume dans le blâme, autant il avait de suavité et de séduction dans l’effusion de l’amitié. Pour tous ceux qui l’ont connu, l’ascendant qu’à la veille de mourir il exerça sur cette fille austère se comprend parfaitement. Elle a écrit pour lui et à lui ses meilleures pensées. Dans le commencement de leur liaison, elle a peut-être tâché de le convertir au mépris de la vie.

Vous souffrez ! Cependant, ranimant la nature,
Le printemps a souri. Les bois ont des concerts,
Il est aux rochers creux, sous la fouillée obscure,
Des abris pour l’oiseau, des échos pour les vers.