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ces paisibles belvédères, nous serons au cœur de la patrie. Nous aurons sous les pieds ces vieux volcans qui nous ont fait émerger du sein des océans et qui nous montrent les traces de leurs formidables vomissements. Leurs puissants massifs sont comme les assises de notre existence même. Les grandes chaînes qui protégent nos frontières sont nos murailles ; l’Auvergne est notre forteresse. Il n’y faut donc pas chercher l’émotion de l’inaccessible. Elle appartient à l’homme, et l’on ne s’y sent point seul avec le ciel, comme sur les sommets tourmentés ou glacés des hautes montagnes ; mais ses grâces rustiques ont un charme que l’on retrouve plus pénétrant chaque fois qu’on y retourne.

J’y ai remarqué du changement. La civilisation y a pénétré ; il faut en prendre son parti. Je n’ai rapporté que déception de certains pèlerinages. Il y a un petit coin, aux environs de Riom, où je me plaisais singulièrement jadis. C’est un hameau nommé Enval ; il est situé dans une impasse volcanique qu’on appelle là, comme dans beaucoup d’autres localités analogues, le bout du monde. Autrefois, ce hameau était une merveille pour les artistes. Toutes les