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MICHEL LÉVY

le matin, de me rendre un service, et qu’il s’en occuperait encore le lendemain.

C’est qu’il était l’ami le plus serviable et le plus dévoué qu’il soit possible d’avoir. Il n’aimait pas tout le monde. Pourtant il aimait beaucoup de personnes, et il les aimait bien. À toute heure de sa vie exubérante de travail, on le trouvait prêt à tout quitter, non-seulement pour vous être utile, mais encore pour vous être agréable. Sous une enveloppe un peu brusque, il avait des délicatesses charmantes et une réelle bonté. Ceux qui l’ont connu intimement comme je l’ai connu, surtout dans ces dernières années, l’ont pleuré et le regretteront toujours.

Je ne parlerai pas de sa stricte probité : elle est proverbiale, et l’ordre admirable qui régnait dans ses affaires facilitait l’exactitude minutieuse avec laquelle il remplissait ses moindres engagements. Il expliquait la plupart des manques de foi qui se produisent dans le commerce par le manque d’ordre, et il avait raison. Quant à sa rigidité dans les transactions, elle était l’inévitable résultat d’une lutte de tous les instants contre la rigidité des faits industriels. Je veux et je dois dire qu’il y a cinq ans, ayant avec lui