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plus. Je m’étais levée matin et le pas régulier de mon cheval me berçait agréablement. La thèse de Duteil se confondit dans mon cerveau avec une ébauche de rêve sur le même sujet.

— Pourquoi ne serais-je pas, me disais-je, sur une barque au milieu d’un lac argenté, ou dans un traîneau sur la neige des steppes ?

Mon cerveau me promena ainsi à travers de douces visions, jusqu’à ce que le fer de ma Colette, frappant sur un caillou, en fît jaillir un éclair qui me réveilla.

D’autres éclairs dus à la même cause se produisirent sous les pieds des autres chevaux.

— Ah çà ! dit mon frère, nous ne nous rapprochons pas du tout de chez nous. Nos chevaux battent le briquet sur des silex et nous devrions être depuis longtemps sur le calcaire.

— Mais on ferre toute la route de Châteauroux avec des cailloux de rivière, répondit Duteil ; nous sommes sur la route postale.

— Allons donc ! nous sommes sur les coteaux de la Chassaigne !

— Non pas, reprit Hydrogène, nous descendons depuis une demi-heure. Je crois que nous retournons à Montipouret.