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Page:Sand - Flamarande.djvu/119

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prairie. J’ai pourtant demandé pourquoi dans cet endroit-là, que l’on disait tout inondé ?

» — Pourquoi ? m’a-t-il répondu. Pourquoi est un mot qu’il ne faut pas me dire, ou notre contrat est rompu.

» J’ai fait ce qu’il voulait. J’ai suivi l’allée qui traverse la prairie ; c’était très-glissant, j’avais peur de tomber. J’ai été jusqu’à une cabane où il y avait des cygnes, et je suis revenue vite en passant par l’allée couverte, comme M. le comte me l’avait ordonné. Là, je l’ai trouvé qui m’attendait, et il m’a conduite dans son appartement, où il y avait de la lumière, parce que tout était fermé.

» — Je vous cache, me dit-il : ne bougez pas d’ici. Voici un sofa pour vous reposer, si vous voulez, ou pour faire dormir l’enfant. Dans cette armoire, vous trouverez de quoi manger.

» Il est sorti, et j’ai cru entendre remuer beaucoup dans la maison et marcher au dehors, comme si on me cherchait. À la nuit, M. le comte est revenu me dire de changer l’enfant avec des effets qui étaient dans une autre armoire. C’étaient des affaires beaucoup moins belles et pas marquées. Il a pris alors tout ce que l’enfant avait auparavant sur le corps et l’a fait brûler dans un grand feu. Puis il m’a dit de me tenir prête à le suivre quand il reviendrait, et, à neuf heures et demie du soir, il a reparu, m’a fait passer par un escalier qui tourne dans une tourelle, et, me soutenant pour