Page:Sand - Flamarande.djvu/130

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mère. M. le comte en parut satisfait. Il montrait depuis l’événement de Sévines une étonnante égalité de caractère. L’Italie lui faisait du bien ; il semblait tout à fait guéri. Il chassait beaucoup sur les bords du lac, voyait peu sa femme en dehors des repas, mais la traitait avec plus de douceur qu’auparavant.

Il se rendit au désir qu’elle lui exprimait de faire ses couches en Italie. Leur villa n’était pas bien belle, je n’avais pu trouver mieux ; mais le site était admirable, l’air excellent, et rien ne rappelait le triste séjour de Sévines.

Un jour, M. le comte me parut de bonne humeur, et je me hasardai à lui demander la permission d’aller à Marseille, où j’avais affaire.

— C’est fort bien, me dit-il, je vous donne un mois de congé. Vous aurez le temps de vous informer de la santé de l’autre ; vous écrirez à la Niçoise, et vous saurez si elle ne manque de rien. Nous n’avons personne dans notre secret, il faut qu’elle ait tout intérêt à le garder.

Je ne confiai point à M. le comte que j’avais le projet d’aller à Nice et de voir par moi-même. J’avais un impérieux besoin de me préoccuper du pauvre enfant, j’en rêvais toutes les nuits ; j’étais comme un homme qui a un crime sur la conscience.