Page:Sand - Flamarande.djvu/185

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accès de colère tel que je ne lui en avais jamais vu auparavant.

— Qu’est-ce que cela signifie ? s’écria-t-il en bégayant ; que faites-vous aux pieds de ce laquais ?

— Il n’est point un laquais, répondit madame en se relevant, il est notre serviteur dévoué.

Et elle expliqua rapidement les faits en insistant pour savoir ce que Zamore était devenu.

Pour que M. le comte pût soutenir ses artifices, il eût fallu qu’il daignât mentir, et, quelque habile qu’il fût à cacher la vérité, il ne pouvait plier sa fierté au mensonge. On pourrait même dire que toute son habileté consistait à produire des faits et à avoir l’air de les subir sans être en situation de les expliquer. Acculé cette fois, il trouva plus facile de s’emporter que de répondre. Il déclara à sa femme qu’elle devenait folle, puisque, au lieu de subir son chagrin avec la dignité dont il l’avait crue capable, elle courait les chemins pour interroger les passants ou consulter les charlatans. Il railla amèrement les épreuves de somnambulisme, il l’accusa de négliger son fils vivant pour courir après un fantôme, enfin il lui ordonna de se tenir prête à partir le lendemain pour l’Italie. Il n’entendait pas qu’elle donnât dans le pays de Sévines le triste spectacle de sa démence.

— Mon Dieu ! lui répondit la comtesse atterrée, c’est vous qui me blâmez de vouloir retrouver notre enfant !