Page:Sand - Flamarande.djvu/194

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en mon esprit, c’est à moi justement qu’elles eussent donné leur confiance et leur amitié ; mais les mauvaises actions portent leur châtiment avec elles. On ne serait pas assez puni, si, ayant fait le mal, on pouvait le réparer.

J’étais à Flamarande depuis quinze jours quand Michelin m’éveilla en m’annonçant que les colis expédiés par le roulage à mon adresse venaient d’arriver. Ces colis n’étaient autre chose que les cercueils de métal scellés qui contenaient les restes du vieux comte de Flamarande et de sa digne épouse. La même voiture portait les pierres tumulaires en marbre blanc et noir que je devais faire établir dans la chapelle, déjà convenablement réparée.

Je me levai à la hâte. Déjà on déchargeait ces objets vénérables dans la chapelle même. Tous les hommes du village, jaloux de témoigner leur affectueuse déférence à Michelin, aidaient au déballage et au transport des pièces. Une forte charrette barrait l’entrée de la chapelle, et quatre grands chevaux de trait hennissaient en secouant leurs colliers à grelots trempés de sueur. Les enfants de la maison, curieux de toute chose nouvelle, gênaient les ouvriers en suivant tous leurs mouvements et leur faisant des questions qui n’obtenaient pour réponse que des exclamations d’impatience.

— Veux-tu t’ôter de là ?… au diable les enfants !

Espérance ne partageait pas cette fièvre de cu-