Page:Sand - Flamarande.djvu/204

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ne vis rien qui pût m’expliquer ce qu’il était devenu. Je me demandai si je n’avais pas été le jouet d’une hallucination. Pour moi, le comte de Flamarande était alors un exalté très-près de la démence, et je songeais avec terreur que cet état moral pouvait être contagieux.

Je repris le chemin du manoir et trouvai très-près de là Ambroise, qui rentrait aussi, portant le petit Espérance sur son épaule.

— Nous n’allons pas vite, me dit-il, nous vous attendions. Quel gibier guettiez-vous donc là-bas que vous avez tant regardé et tant cherché ?

— Je cherchais, lui répondis-je, à me rendre compte du chemin qu’avait pu prendre un homme que j’ai vu venir, et que vous avez dû rencontrer.

— Simon, le meunier de Saint-Julien ? Nous n’avons rencontré que lui.

— Par où a-t-il pu passer dans l’endroit où je l’ai perdu de vue ?

— Vous souhaitiez lui parler ?

— Non, je me disais qu’il avait pu tomber dans le précipice, et que le bruit du torrent m’avait empêché d’entendre ses cris.

— Quand Simon de Saint-Julien se laissera tomber, répondit Ambroise en riant, c’est que quelqu’un lui aura cassé les deux jambes.

— Alors vous n’êtes pas inquiet ?

— Moi ? jamais ! rien ne m’inquiète.

Et, se retournant vers l’enfant :