il avait été jusqu’à Mandaille pour un payement qu’on lui devait.
Je fus encore rassuré ce jour-là, mais les jours suivants, à propos des plus futiles circonstances, je recommençai à me tourmenter. Vraiment Ambroise Yvoine me semblait jouer avec moi comme un chat avec une souris. Il avait des allures qui prêtaient beaucoup à mes soupçons. Il s’était installé dans le donjon, où il avait fait apporter quelques pauvres meubles, et il dirigeait le travail des ouvriers avec beaucoup d’intelligence et de bonne humeur ; mais il n’était pas toujours là, et, quand il disparaissait, nul n’eût pu dire où il était et à quoi il s’occupait. À vrai dire, nul autre que moi ne s’en tourmentait, et, quand je le questionnais, il répondait en riant :
— Ah voilà ! qui peut savoir ce que je fais et où je vais quand je le sais tout au plus moi-même ? Je suis l’oiseau qui voltige de place en place et qui vit pour vivre. Demandez au martinet sur combien de pierres du donjon il a passé en tournant dans les airs. Bien sûr, le soir venu, il n’en sait pas le compte ; pourtant il a son idée, et j’ai souvent la mienne. Il pense à attraper des mouches, et moi, je pense à n’en pas trop gober.