si bien que je fus pris d’une grosse fièvre et dus garder le lit pendant quatre jours. Les Michelin me soignèrent très-affectueusement ; mais ce fut Yvoine qui me guérit en m’administrant un breuvage de sa façon, composé avec des plantes de la montagne. Je le pris sans avoir conscience de rien, car durant quarante-huit heures je perdis la notion du lieu où j’étais et des personnes qui m’entouraient.
Quand je revins à moi, le jour paraissait à peine ; je regardai autour de moi avec étonnement, surpris de sortir du chaos de rêves où je me débattais, et de voir Ambroise à mon chevet. Je l’interrogeai ; il m’apprit que j’avais beaucoup battu la campagne, mais qu’il connaissait cette fièvre-là et m’avait servi de médecin. Je continuai à prendre ses médecines et m’en trouvai fort bien, car, au bout de quelques jours, j’étais délivré de tous les malaises que j’avais éprouvés auparavant.
— Mon brave Ambroise, lui dis-je un matin en déjeunant avec un appétit que je n’avais pas eu depuis six mois, je ne sais pas si je vous dois la vie ; mais, à coup sûr, je vous dois la santé. Et puis je sais à présent que vous m’avez soigné comme si j’eusse été votre frère. Vous avez passé des nuits debout et des jours sans me quitter un instant. Je voudrais vous témoigner ma reconnaissance ; dites-moi ce qui vous ferait plaisir.
— Je ne vous demande rien que de vous bien porter, monsieur Charles, répondit-il d’un air de