Page:Sand - Flamarande.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doit point avoir. Donnez l’ordre qu’on ne la reçoive pas, si elle se présente.

Je ne donnai point d’ordre, et huit jours se passèrent sans qu’on entendît parler de la baronne. Je m’informai comme par hasard à son hôtel, elle était arrivée ; mais, huit jours s’étant encore écoulés sans qu’on la vît et sans qu’elle écrivît de nouveau, M. le comte pensa qu’elle avait renoncé à voir la comtesse, soit qu’elle fût justement blessée de son silence, soit qu’elle eût déjà oublié le désir, un instant éprouvé, de revoir sa chère Rolande. C’était, selon lui, le plus probable. Les femmes, disait-il, sont moins nuisibles qu’on ne croit ; leur légèreté les détourne le plus souvent des malices dont elles nous menacent.

Je n’étais pas aussi tranquille. Qui sait si madame de Montesparre ne tenait pas la clef du grand secret ? Si je ne m’abusais pas, Ambroise m’ayant reconnu à la Violette, et depuis étant allé à Sévines, Ambroise Yvoine devait tout savoir ou tout pressentir. Si l’homme que j’avais vu disparaître comme par enchantement à mon approche, et qu’Ambroise prétendait être le meunier Simon, n’était autre que M. de Salcède déguisé, et si la baronne était alors secrètement à Montesparre, était-il invraisemblable que ces trois personnes, liées entre elles, eussent commenté l’apparition miraculeuse d’un enfant mystérieux dans la crèche de Michelin ? Madame de Montesparre aurait, dans ce cas, résolu d’avertir