Page:Sand - Flamarande.djvu/267

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» — Tous les instants de ma vie, disait-elle, appartiennent à lui ou à l’autre : je ne me reposerai jamais qu’auprès de l’un d’eux.

» Depuis qu’elle est partie, malgré toutes nos précautions, on soupçonne quelque chose à Flamarande. L’enfant a encore eu un léger accès de fièvre, et il a demandé sa mère, sa belle jolie mère qui venait les autres fois auprès de son lit. La petite Michelin était près de lui en ce moment, et lui a dit :

» — Ta mère ? tu as rêvé ça. Tu n’as pas de mère, toi.

» — Si fait, j’en ai une à moi.

» — Et comment donc est-elle faite ?

» — Elle est faite comme les autres femmes.

» — Non, c’est une dame, puisqu’elle t’envoie beaucoup d’argent et de cadeaux.

» — Ce n’est pas une dame, elle est habillée comme toi.

» J’étais présent à cet entretien. J’ai dit à la petite Michelin qu’Espérance avait rêvé et qu’il n’était venu personne. Elle l’a cru, mais Espérance ne le croit pas ; sa mémoire restera probablement fidèle cette fois-ci. J’ai réussi à lui faire, sinon comprendre, du moins promettre de garder cette croyance pour lui. Malgré cette promesse, qu’il a tenue avec la volonté qui caractérise son admirable nature, la famille Michelin a une idée vague de quelque visite mystérieuse. Une autre des filles