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IV


M. de Salcède se fit un peu prier, il désirait sans doute que madame s’en mêlât. À l’instigation de son mari, elle lui passa de nouveau la main sous le bras en lui disant avec sa belle voix douce et son sourire d’enfant :

— Nous le voulons !

Vraiment, les maris, tant qu’ils ne sont pas trompés, sont doués d’une étrange candeur ; aussi, quand ils le sont ou croient l’être, on les voit passer d’un excès à l’autre. Moi, qui n’ai jamais été porté au mariage, je fus en ce moment aussi lucide que monsieur était aveuglé : ce fut ma première observation dans la voie qu’il m’avait ouverte, et cette observation fut aussi nette que profonde.

M. de Salcède n’avait pas encore aimé. Il se croyait épris exclusivement de botanique. Il était candide comme un enfant, et il était bien réellement un enfant ; il n’avait à cette époque que