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Page:Sand - Flamarande.djvu/280

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mon pardon l’efface, mais ma conscience ne l’absout pas. Heureusement vous vous trompez, parce que vous ne comprenez pas ; non, vous ignorez cette amitié enthousiaste qui ne veut de l’être aimé que le plus pur de sa pensée. Il dit qu’il n’a pénétré chez moi (me croyant partie !) que pour prendre des fleurs dont j’avais aspiré le parfum ; un parfum, c’est quelque chose d’immatériel, c’est le contraire de ce que vous supposez ! Je ne veux pas croire, je ne crois pas qu’il ait un seul instant dans sa vie abjuré le respect dû à la femme de celui qui était son ami ; la désirer eût été un crime à ses yeux comme aux miens. Je sais que peu d’hommes sont capables de cet amour de l’âme qui exclut l’idée de possession coupable ; mais ne connaissez-vous pas cet homme si pur, si scrupuleux et si loyal ? Toute cette vie studieuse et recueillie, cette vie angélique que vous admirez tant et dont vous me disiez : « C’est une exception parmi les exceptions idéales, c’est le seul être au monde qu’on puisse vénérer absolument. » Eh bien, cette vie-là n’est-elle pas faite pour vous rassurer ? »


Dans une autre lettre, la comtesse disait à son amie :


« La preuve que je n’ai pas le genre d’affection que vous supposez, c’est que, le jour où il ne