chemin quand il était pressé. Il n’en était pas moins favorable au secret de ses démarches quand besoin était. En temps ordinaire, il ne le fermait pas dans le jour et personne n’en profitait pour aller piller sa cave. Il n’y avait pas de voleurs à Flamarande. Il n’y avait là d’autre voleur que moi !
Pourtant j’avais poussé le scrupule jusqu’à me laisser mourir de faim dans la maison du Refuge, et j’en souffrais cruellement. Il me tardait de voir partir les enfants, afin de m’emparer des petits morceaux de pain qu’ils mettaient à leurs piéges pour prendre les écureuils. Je vis donc avec effroi Espérance, resté le dernier, retirer ce pain. Il ne voulait pas qu’on prît les écureuils. Je me rappelai son amour d’enfant, je dirais presque son respect pour les animaux. Il était occupé à enlever ces amorces lorsque je vis arriver Ambroise, portant une petite fille d’environ six ans sur son bras. L’enfant était charmante. Ambroise imitait le galop d’un cheval pour la faire rire, et la petite, faisant semblant d’avoir peur, enfonçait ses petites mains dans la crinière grise et crépue du bonhomme. Espérance, qui s’était un peu éloigné, revint à eux et se retrouva près de moi. La petite sauta à son cou, et j’entendis qu’il l’appelait Charlotte. C’était ma filleule, celle qui était née la nuit où j’avais abandonné Gaston dans la crèche de Michelin.
— Allons, dit Ambroise, il faut rentrer, enfants. M. Alphonse est au château et trouve que le gars