Page:Sand - Flamarande.djvu/37

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main et parut respirer. Elle s’avança vers lui, il s’était levé.

— Rasseyez-vous, lui cria-t-elle.

Et elle vint en courant s’asseoir à ses côtés en dépliant sa broderie.

Je les voyais alors en plein, et j’entendais leurs paroles. Ce fut une causerie très-oiseuse. Madame parlait de faire rebâtir le château afin d’y passer les étés ; elle préférait ce site sauvage aux deux autres résidences que possédait M. le comte, l’une dans l’Orléanais, sur les bords de la Loire, l’autre en Normandie, en vue de la mer. Elle n’aimait pas toutes ces grandes eaux. Elle préférait les petits lacs et les torrents qui grondent ; elle trouvait d’ailleurs plus décent, quand on s’appelait Flamarande, de demeurer à Flamarande.

Le marquis n’abondait pas dans son sens ; il pensait que le comte ne se déciderait jamais à vendre sa terre de Normandie, où il avait été élevé, ni celle des bords de la Loire, où ses parents étaient décédés. Il connaissait le chiffre de la fortune de M. de Flamarande, dont madame ne paraissait pas se douter, jeune mariée et enfant qu’elle était. Il disait que, pour remettre en état Flamarande, il faudrait plus d’un million en comptant le chemin praticable à établir. C’était là une grosse dépense, devant laquelle le père et les ancêtres du comte avaient reculé. Gens du grand monde, ils avaient trouvé le pays trop triste, les communications trop