Page:Sand - Flavie, 1875.djvu/128

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pris d’un grand trouble, et me demanda la permission de se retirer, ce qu’il fit sans attendre ma réponse.

Je me sentis mal à l’aise de ce qui venait de se passer, et incertaine de ce que j’avais à faire pour me préserver des pensées d’un être si spontané et si ingénu, sans avoir l’air de m’en être aperçue et sans contrarier mon père. Devais-je dire à ce dernier que son savant ne me paraissait pas aussi indifférent et aussi incapable de me voir qu’il l’avait avancé ? Mon père est quelquefois si railleur quand il me suppose présomptueuse, que je n’osai pas.

Le lendemain matin, je vis apparaître le savant à déjeuner. Cette fois, il venait sans embarras et avec le même regard clair et direct qui m’avait semblé au moins bizarre la veille. Je me bornai à le saluer et à être polie. Je ne lui adressai pas la parole une seule fois pendant le repas, et je ne levai pas une seule fois les yeux sur lui.