Page:Sand - Flavie, 1875.djvu/13

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de mon mari. Il gouvernera toutes choses comme il l’entendra ; il aura le caractère qu’il voudra, et je ne contrarierai aucun de ses goûts. Mais je veux qu’il respecte les miens, qu’il ne gêne aucune de mes habitudes ou de mes fantaisies, qu’il se fie aveuglément à ma parole qui sera chose sacrée pour moi, et qu’il me laisse mener la vie qui convient à mon caractère et à mes idées.

Ce n’est pas comme cela que tu entends le mariage, je le sais. Tu pratiques et tu prêches la soumission, l’adoration. Bien ! c’est là ton instinct : tu es tendre. Moi, je suis juste, et ne me pique pas d’autre chose… jusqu’à présent !

Tu vois que, malgré la passion que j’inspire à ce beau Malcolm, car on dit qu’il est beau, je suis calme et maîtresse de moi.

Je t’entends d’ici me dire que se préserver si longtemps, n’avoir pas encore aimé à vingt et un ans, c’est de l’égoïsme, de la sécheresse de cœur.