Page:Sand - Flavie, 1875.djvu/184

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Vois-tu, j’avais vécu trop factice, antinaturelle, dans le convenu du monde, dans le scepticisme de l’esprit et dans le vide du cœur. J’en étais lasse, je commençais à avoir honte de moi-même, et il fallait que tout cela vînt aboutir à une explosion, à une grande folie, à une idée de dévouement !

Eh bien, cette folie a eu pour objet, grâce à mon étoile, je le reconnais, un homme excellent ! magnanime, sage comme Nestor, en dépit d’un cerveau fantastique ; une bonne et belle âme enfin, et cet homme a été le médecin de mon esprit malade. S’il m’eût raillée, s’il m’eût dit tout ce qu’un homme plus expérimenté et me connaissant mieux eût pu et dû me dire à ce moment-là, j’étais perdue. Je me serais, à coup sûr, jetée dans les rêves et dans les romans. Il le fallait bien, puisque j’avais tant dédaigné et tant raillé moi-même l’idéal et les grands sentiments ! Mais sa confiance et sa naïveté m’ont sauvée. Il