Page:Sand - Flavie, 1875.djvu/28

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Nullement jalouse de ces deux petites filles, qui entraînaient son mari dans un nuage de cheveux blonds défrisés et de paroles sifflées comme des cris de mésange, elle s’acharna à faire tout ce que je faisais d’imprudent et de dangereux pour me débarrasser d’elle. Elle passa au galop le long des précipices, elle descendit au grand trot des pentes rapides, elle sauta par-dessus des arbres morts étendus en travers du sentier ; enfin, elle voulut et s’imagina partager avec moi les honneurs de l’intrépidité, le tout pour faire croire à son mari qu’elle est aussi brave que moi ; et cela, en pâlissant de peur à chaque minute, en grinçant les dents et fermant les yeux à chaque nouvelle folie dont je lui donnais l’exemple.

Moi qui m’amusais de l’aventure, je ne lui épargnais pas les émotions, et, sans mon père, qui vint me gronder sévèrement et me remettre au pas, le pauvre marquis serait certainement veuf à l’heure qu’il est.