Il ne s’accusa pas tout haut de lui avoir causé ce chagrin ; mais il se le reprocha intérieurement et ne s’en consola qu’en se disant que le pauvre enfant avait la tête faible, l’esprit romanesque, le cœur trop tendre, enfin qu’il était dans sa destinée d’interrompre par quelque sottise la brillante carrière qui lui était ouverte.
Le tsar daigna plaindre le jeune officier. Autour de lui, quelques personnes se dirent tout bas que le comte Ogokskoï, jaloux de la jeunesse et de la beauté de son neveu, s’était trouvé en rivalité auprès de certaine marquise et s’était fait débarrasser de lui. L’affaire n’eut pas d’autre suite. Il n’y eut pas un des Russes logés ou campés à l’hôtel Talleyrand qui ne fît à Diomède Mourzakine cette oraison funèbre qui manque de nouveauté, mais qui a le mérite d’être courte :
— Pauvre garçon ! si jeune !
L’enterrement ne se fit pas avec une grande solennité militaire. Le suicide est toujours et partout une sorte de dégradation.
Le marquis de Thièvre suivit toutefois le cortége