Page:Sand - Francia.djvu/286

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s’est réjoui en vous sachant fixé près de nous. Notre pauvre Augustin n’est plus, il est mort l’an dernier, et c’est son deuil que je porte ; mais nous vous devons de l’avoir conservé six ans, de l’avoir vu heureux, marié et père. Sa femme et son enfant sont des trésors qu’il nous a laissés. Toute cette famille reconnaissante, grands et petits, vous sautera au cou et aux jambes, et, quand vous aurez été bien et dûment embrassé sur les deux joues comme un ami qu’on attendait depuis longtemps et à qui l’on ne sait comment faire fête, vous sentirez que vous êtes un homme de chair et d’os comme les autres, — non le spectre de don Juan, le héros d’un autre siècle et d’un autre pays. Vous laisserez fondre la glace artificielle amassée autour de ce cœur-là, qui est vivant et humain, puisqu’il est généreux et compatissant. Votre génie du mal rira de lui-même et vous laissera consentir à aimer les honnêtes gens, à les protéger même, ce qui est bien plus facile que de leur tendre des piéges, et bien moins triste que de se battre les flancs pour les méconnaître. Vous garderez votre science, vos