Page:Sand - Garibaldi, 1860.djvu/20

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En effet, c’était un invincible ennemi, l’homme à qui l’on offrait en vain, pour lui faire changer de parti, une fortune considérable. L’aventurier ne voulait pas s’enrichir. Il voulait se battre et tenir la parole qu’il avait donnée. Il se battit si bien et avec des partisans si admirablement exercés, que son nom ne tarda pas à devenir célèbre. C’est dans cette guerre que Garibaldi se forma à la brillante carrière qu’il poursuit aujourd’hui avec un nouvel éclat. C’est là que, monté sur un petit bateau de pêche pour faire, avec douze matelots et à la faveur du brouillard, une reconnaissance dans les eaux de l’escadre ennemie, il voit, la brume se dissipant brusquement, une goëlette armée de six canons le bloquer dans une petite anse où il n’a que le temps de se réfugier. La nuit est venue et la goëlette jette tranquillement ses ancres à deux portées de fusil de la pauvre barque, en remettant au lendemain le soin de son inévitable capture.

Mais elle a compté sans le roman, sans le miracle, sans l’audace du partisan. Avec ses douze hommes, il tire la barque à terre, lui fait traverser le cap et va la remettre à flot sur l’autre flanc de la goëlette ; avec ses douze hommes, il