Page:Sand - Garibaldi, 1860.djvu/29

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ont donné la mission qui convenait à sa prestigieuse destinée, à son influence soudaine, au charme de sa parole inspirée, de sa noble physionomie, et à l’entraînement de sa foi patriotique. Chargé de soulever les populations contre l’Autriche et d’annoncer la bonne nouvelle tout en harcelant l’ennemi, il remplit un rôle complétement neuf dans l’histoire. Il fait de la révolution au profit de la royauté, et il la fait sciemment, résolûment, loyalement, sans être ni dupe ni trompeur.

C’est de sa pensée intime, c’est de son œuvre morale, que nous sommes ici le plus frappés. Ses exploits sont en ce moment dans toutes les bouches, et cette figure poétique, rehaussée de tout l’attrait de l’inconnu, préoccupe, en France, les cœurs et les imaginations d’une manière sensible. Nous n’en sommes pas surpris. Garibaldi ne ressemble à personne, et il y a en lui une sorte de mystère qui fait réfléchir. Les têtes légères veulent peut-être qu’il doive son prestige à la jeunesse, à la beauté ; les uns disent à sa force physique, à sa voix de stentor ; les autres disent à sa taille gigantesque, à son costume de théâtre, etc. Heureusement rien de tout cela n’est vrai aujour-