Page:Sand - Garibaldi, 1860.djvu/32

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douter, sans que les anciens et les nouveaux amis du grand partisan se battent dans son cœur ni autour de sa gloire, sans qu’une voix s’élève en Italie pour lui reprocher d’avoir trop fait pour la république hier et de trop faire pour la royauté constitutionnelle aujourd’hui.

C’est qu’il est des caractères d’exception au-dessus de toute atteinte sérieuse. La calomnie, le soupçon, aucun reproche ne peut pénétrer l’or pur de leur cuirasse. « Tout pour la patrie » est leur devise. On sent que nulle considération d’amitié, de prudence, de crainte de l’opinion ne pèse dans la balance quand il s’agit du devoir. Ils savent qu’ils ne peuvent inspirer de défiance fondée à ceux qu’ils servaient hier, non plus qu’à ceux qu’ils servent aujourd’hui ; et, quand cela serait, ils crieraient : quand même ! et se jetteraient dans le feu en faisant abnégation de tout, même de leur honneur apparent, comptant sur la justice de l’histoire et sur le jugement de Dieu dans le cœur des hommes de bien.

C’est que de tels hommes ne représentent pas tant une idée particulière qu’un sentiment général. Ils résument l’âme d’une nation, et si l’on voulait y bien regarder, on verrait dans celui-ci