CHAPITRE VINGT-DEUXIÈME[1].
Retraite à Nohant. — Travaux d’aiguille moralement utiles aux femmes. — Équilibre désirable entre la fatigue et le loisir. — Mon rouge-gorge. — Deschartres quitte Nohant. — Naissance de mon fils. — Deschartres à Paris. — Hiver de 1824 à Nohant. — Changemens et améliorations qui me donnent le spleen. — Été au Plessis. — Les enfans. — L’idéal dans leur société. — Aversion pour la vie positive. — Ormesson. — Nous revenons à Paris. — L’abbé de Prémord. — Retraite au couvent. — Aspirations à la vie monastique. — Maurice au couvent. — Sœur Hélène nous chasse.
Je passai à Nohant l’hiver de 1822-1823, assez malade, mais absorbée par le sentiment de l’amour maternel, qui se révélait à moi à travers les plus doux rêves et les plus vives aspirations. La transformation qui s’opère à ce moment dans la vie et dans les pensées de la femme est, en général, complète et soudaine. Elle le fut pour moi comme pour le grand nombre. Les besoins de l’intelligence, l’inquiétude des pensées, les curiosités de l’étude, comme celles de l’observation, tout disparut aussitôt que le doux fardeau se fit sentir, et même avant que ses premiers tressaillemens m’eussent manifesté son existence. La Providence veut que, dans cette phase d’attente et d’espoir, la vie physique et la vie de sentiment prédominent. Aussi, les veilles, les lectures, les rêveries, la vie intellectuelle en un mot, fut naturellement supprimée, et sans le moindre mérite ni le moindre regret.
- ↑ Cette partie a été écrite en 1853 et 1854.