Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/145

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de bons souvenirs, satisfaite de n’avoir plus rien de sensible à rompre.

Quant à la baronne Dudevant, ce fut bien lestement emballé, comme nous disions au quartier latin. Elle me demanda pourquoi je restais si longtemps à Paris sans mon mari. Je lui dis que mon mari le trouvait bon.

« Mais est-il vrai, reprit-elle, que vous ayez l’intention d’imprimer des livres ? — Oui, madame. — Té ! s’écria-t-elle (c’était une locution gasconne qui signifie Tiens ! et dont elle avait pris l’habitude), voilà une drôle d’idée. — Oui, madame. — C’est bel et bon, mais j’espère que vous ne mettrez pas le nom que je porte sur les couvertures de livre imprimées ? — Oh ! certainement non, madame, il n’y a pas de danger. »

Il n’y eut pas d’autre explication. Elle partit peu de temps après pour le Midi, et je ne l’ai jamais revue.

Le nom que je devais mettre sur des couvertures imprimées ne me préoccupa guère. En tout état de choses, j’avais résolu de garder l’anonyme. Un premier ouvrage fut ébauché par moi, refait en entier ensuite par Jules Sandeau, à qui Delatouche fit le nom de Jules Sand. Cet ouvrage amena un autre éditeur qui demanda un autre roman sous le même pseudonyme. J’avais écrit Indiana à Nohant, je voulus le donner sous le pseudonyme demandé ; mais Jules Sandeau, par modestie, ne voulut pas accepter la paternité d’un livre auquel il était complétement étranger.