Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/503

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Il nous approuva d’avoir fait cette démarche rapidement et avec mystère. Ceux de mes amis qui étaient dans de bons termes avec M. Dudevant devaient l’ignorer, si elle ne devait pas aboutir. Il écouta le récit de toute ma vie conjugale, et, apprenant toutes les évolutions de volonté que j’avais dû subir, il se prononça, comme Rollinat, pour la séparation judiciaire. Mon plan de conduite me fut tracé après mûre délibération. Je devais surprendre mon adversaire par une requête au président du tribunal, afin que, ce fait accompli, il pût en accepter les conséquences dans un moment où il devait mieux en sentir la nécessité. On ne mettait pas en doute qu’il ne les acceptât sans discussion pour éviter d’ébruiter les causes de ma détermination. Nous comptions sans les mauvais conseillers que M. Dudevant crut devoir écouter dans la suite du procès.

Je devais, pour conserver mes droits de plaignante, ne pas rentrer au domicile conjugal, et jusqu’à ce que le président du tribunal eût statué sur mon domicile temporaire, aller chez un de mes amis de la Châtre. Le plus âgé était Duteil ; mais Duteil, ami de mon mari, voudrait-il me recevoir dans la circonstance ? Quant à sa femme et à sa sœur, cela n’était pas douteux pour moi ; quant à lui, c’était une chose à tenter.

Le geôlier vint nous avertir que le jour allait poindre et qu’il fallait sortir comme nous étions