Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 10a13 1855 Gerhard.djvu/584

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viandes blanches et à l’eau rougie. Il jugea qu’une rapide croissance exigeait des toniques, et après l’avoir saigné, il le fortifia par un régime tout opposé. Bien m’en prit d’avoir confiance en lui, car depuis ce moment Maurice fut radicalement guéri et devint d’une forte et solide santé.

Quant à Chopin, Papet ne lui trouva plus aucun symptôme d’affection pulmonaire, mais seulement une petite affection chronique du larynx qu’il n’espéra pas guérir et dont il ne vit pas lieu à s’alarmer sérieusement[1].

Avant d’aller plus avant, je dois parler d’un événement politique qui avait eu lieu en France le 12 mai 1839, pendant que j’étais à Gênes, et

  1. C’est à cette époque que je perdis mon angélique ami Gaubert. J’avais déjà perdu, en 1837, mon noble et tendre papa, M. Duris-Dufresne, d’une manière tragique et douloureuse. Il avait dîné la veille avec mon mari. « Il fut rencontré le 29 octobre, à onze heures du matin, par une personne de Châteauroux. Il était joyeux, il allait devenir grand-père, il venait d’acheter les dragées. Depuis lors on a perdu sa trace. Son corps a été retrouvé dans la Seine. A-t-il été assassiné ? Rien ne le prouve ; on ne l’avait pas volé ; ses boucles d’oreilles en or étaient intactes. » (Lettre du Malgache, 1837.)

    Cette déplorable fin est restée mystérieuse. Mon frère, qui l’avait vu deux jours auparavant, lui avait entendu dire, en parlant de la marche des événements politiques : « Tout est fini, tout est perdu ! » Il paraissait très-affecté. Mais, mobile, énergique et enthousiaste, il avait repris sa gaîté au bout d’un instant.