Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/217

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il y a certaines sociétés inévitables où je périrais d’ennui. Mais pour en revenir à ton chagrin, tu vois qu’il n’est pas fondé, et que partout où je me trouve, je rencontre des personnes aimables qui me font fête et qui vivent avec ton soldat sur le pied de l’égalité. Le titre de petit-fils du maréchal de Saxe, dont j’évite de me prévaloir, mais sous lequel je suis annoncé et recommandé partout, est certainement en ma faveur et m’ouvre le chemin. Mais il m’impose aussi une responsabilité, et si j’étais un malotru ou un impertinent, ma naissance, loin de me sauver, me condamnerait et me ferait haïr davantage.

« C’est donc par nous-mêmes que nous valons quelque chose, ou pour mieux dire par les principes que l’éducation nous a donnés ; et si je vaux quelque chose, si j’inspire quelque sympathie, c’est parce que tu t’es donné beaucoup de peine, ma bonne mère, pour que je fusse digne de toi.

« Ajoute à cela mon étoile qui me pousse parmi les gens aimables, car le régiment de Schömberg-dragons, qui est maintenant ici, ne ressemble en rien au nôtre. Ses officiers y ont beaucoup de morgue et tiennent à distance les jeunes gens sans grade, quelque bien élevés qu’ils soient. Chez nous, c’est tout le contraire, nos officiers sont compères et compagnons avec nous quand nous leur plaisons. Ils nous prennent sous le bras et viennent boire de la bière avec