Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/224

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pour être officier avec honneur, d’autre part ; je m’étais dit, dès le principe, il faut entrer en campagne le plus tôt possible. Crois-tu donc que j’ai quitté Nohant avec le projet de passer ma vie à faire l’aimable dans les garnisons et le nécessaire dans les dépôts ? Non, certes, j’ai toujours rêvé la guerre ; et si je t’ai fait là-dessus quelques mensonges, pardonne-les moi, ma bonne mère, c’est toi qui m’y condamnais par tes tendres frayeurs.

Avant que le général me parlât de le quitter, et dès la reprise des hostilités, j’avais été lui demander de rejoindre les escadrons de guerre. Il reçut cette proposition avec plaisir, d’abord ; puis, attendri par tes lettres, il craignit de te déplaire en prenant sur lui la responsabilité de mon destin. Il me fit donc revenir pour me dire d’aller au dépôt, parce que tu ne voulais pas que je fisse la guerre, et comme je lui observai que toutes les mères étaient plus ou moins comme toi, et que la seule désobéissance permise, et même commandée à un homme, était celle-là, il convint que j’avais raison : « Allez au dépôt, me dit-il, là vous pourrez partir avec le premier détachement destiné aux escadrons de guerre, et Mme votre mère n’aura pas de reproches à m’adresser. Vous aurez agi de votre propre mouvement. » « J’arrive à Thionville, et mon premier soin est de m’informer si bientôt il ne partira pas un