Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/278

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fameuse Vénus et les deux plus belles filles de Niobé. J’ai été ce matin à la galerie. Elle est remplie d’une immense quantité de statues antiques presque toutes superbes. J’ai vu le fameux Torse, la Vénus à la coquille, le Faune, le Mercure, et force empereurs et impératrices de Rome. Cette ville fourmille de beaux édifices et regorge de chefs-d’œuvre. Les ponts, les quais et les promenades sont un peu distribués comme à Paris, mais elle a cet avantage d’être située dans un vallon admirable d’aspect et de fertilité. Ce ne sont que villas charmantes, allées de citronniers, forêts d’oliviers ; juge comme tout cela nous paraît joli au sortir des Apennins !

« Ça ira bien pourvu que ça dure, mais je crois que nous marcherons du côté de Ferrare si les hostilités recommencent avec les Autrichiens.

Alors, nous abandonnerons ces belles contrées pour retourner aux rives arides du Pô.

« Tu vois, ma bonne mère, que je cours de la belle manière. Je ne veux point quitter le général Dupont ; il me veut du bien. Je jouis ici de l’amitié et de la considération de ceux avec qui je vis. Le général a trois aides-de-camp ; le troisième est Merlin, fils du directeur. Il était aide-de-camp de Bonaparte, et a fait avec lui les campagnes d’Egypte. Il est capitaine dans mon régiment ; sa sœur avait épousé notre colonel peu de temps avant qu’il fût tué. Bonaparte, ne gardant plus que des aides-de-camp