Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/305

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démarches vont tendre à te rejoindre. Le détail de toutes mes infortunes serait trop long ; je te dirai seulement qu’après être restés deux mois dans leurs mains, marchant toujours dans les déserts de la Carinthie et de la Carniole, nous avons été menés jusqu’aux confins de la Bosnie et de la Croatie ; nous allions entrer dans la Basse-Hongrie, lorsque, par l’événement le plus heureux, on nous a fait retourner sur nos pas et, pris un des derniers, j’ai été rendu un des premiers. Je suis maintenant au second poste français, où j’ai trouvé un lit, meuble dont je ne me suis point servi depuis environ trois mois ; car j’étais resté un mois, avant d’être pris, sans me déshabiller pour dormir, et, depuis ma prise jusqu’à ce jour, je n’ai eu d’autre lit que de la paille. En revenant à l’armée, j’espérais retrouver le général Dupont et mes camarades ; mais j’apprends qu’il est rappelé pour avoir, par son intrépide passage du Mincio, excité la jalousie d’un homme dont on ne tardera pas à reconnaître l’incapacité.

« Le général Dupont ayant emmené, à ce que je présume, mes chevaux et mes bagages, il ne me reste plus qu’à m’adresser au général Mounier, qui est aussi un de ses généraux divisionnaires. Je ne doute pas qu’il ne me donne les moyens de retourner près de toi, et je vais me diriger vers Bologne, où il est maintenant. Je ne puis plus servir jusqu’à mon échange, je suis rendu sur ma parole.