Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/330

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pu dire à Deschartres n’est que l’effet d’un mouvement de colère, bien légitimé par les duretés qu’il a été lui débiter. Je ne saurais trop te répéter que rien de tout cela ne fût arrivé s’il se fût tenu tranquille. Je l’aurais fait partir sans éclat, puisque sa présence à La Châtre (dont tu aurais dû ne pas t’occuper) te déplaisait si cruellement. Mais, puisqu’il en est ainsi, je te promets que je n’aurai plus jamais de maîtresse sous tes yeux, et que je ne te parlerai jamais de mes aventures. Cela me fera un peu souffrir. J’ai pris une telle habitude de te dire tout ce qui m’arrive et tout ce que j’éprouve, que je ne me comprends pas ayant des secrets pour toi. Quelle triste nécessité m’impose cette déplorable affaire, et le coup de tête inconcevable de Deschartres !

Allons, n’en parlons plus. Je ne peux pas me brouiller avec lui, je ne voudrais pour rien au monde le brouiller avec toi. Il ne se corrigera guères de ses défauts, apprécions ses qualités et aimons-nous en dépit de tout.

« Je cours ici dans les bois et au bord des eaux, c’est un paradis terrestre. J’ai été reçu avec la plus tendre amitié. René était dans une île du parc avec sa femme. Il est venu me chercher en bateau, et notre embrassade sur l’eau a été si vive, qu’elle a failli faire chavirer l’embarcation. Adieu, ma bonne mère, à bientôt ! Ne t’afflige plus, aime-moi toujours, et sois bien sûre que je ne puis pas être heureux si tu ne