Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/349

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des sermons de Deschartres, qui ne faisaient pas fortune, comme l’on voit, auprès de son élève. Ce pauvre pédagogue ne se décourageait pourtant pas. Il persistait à regarder Victoire comme une intrigante, et Maurice comme un jeune homme trop facile à tromper. Il ne voyait pas que l’effet de ce jugement erroné rendrait chaque jour mon père plus clairvoyant sur le désintéressement de son amie, et que plus on l’accuserait injustement, plus il lui rendrait justice et s’attacherait à elle. Deschartres, en cette circonstance, prit prétexte de ses affaires et accompagna Maurice à Paris, craignant peut-être qu’il n’y séjournât, au lieu d’aller à son poste. En même temps, ma grand’mère exprimait à son fils le désir de le voir marié, et cette inquiétude que lui causait la liberté du jeune homme, habituait le jeune homme à l’idée d’engager sa chère liberté. Ainsi, tout ce qu’on faisait pour le détacher de la femme aimée ne servait qu’à hâter le cours de la destinée.

Pendant ce court séjour à Paris avec son élève, Deschartres crut ne pas devoir le quitter d’un instant. C’était faire le précepteur un peu tard, avec un jeune militaire émancipé par de glorieuses et rudes campagnes. Mon père était bon, on le voit de reste par ses lettres, et, au fond, il aimait tendrement son pédagogue. Il ne savait pas le brusquer sérieusement, et il était assez enfant encore pour trouver un certain plaisir à