Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/394

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

compagnie de la princesse, etc. Cette dernière présenta à Mme Murat un état des services de mon père, que Mme Murat mit dans son corset, ce qui fait dire à mon père, à la date du 12 prairial an XII : « Voici le temps revenu où les dames disposent des grades, et où le corset d’une princesse nous promet plus que le champ de bataille. Soit j’espère me laver de ce corset-là quand nous aurons la guerre, et bien remercier mon pays de ce que mon pays me force à mal gagner. » …. Puis, revenant à ses chagrins personnels : « On m’apporte à l’instant, ma bonne mère, une lettre de toi, où tu m’affliges en t’affligeant. Tu prétends que j’ai été soucieux auprès de toi, et que des mots d’impatience me sont échappés. Mais est-ce que je t’en ai jamais, même dans ma pensée, adressé un seul ? J’aimerais mieux mourir. Tu sais bien que c’était à l’adresse de Deschartres, en remboursement de ses sermons blessans et intempestifs. Jamais, quand j’ai été près de toi, je n’ai appelé avec impatience le jour qui devait m’en éloigner. Ah !

que tout cela est cruel et que j’en souffre ! Je retournerai bientôt te demander raison de tes lettres, méchante mère que je chéris ! » Je vins au monde le 12 messidor. Ma grand-mère n’en sut rien. Le 16, mon père lui écrivait sur toute autre chose.