Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/396

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ici, j’aurais bien de quoi avoir un cabriolet bien suspendu pour te promener ; je te soignerais, je te ferais oublier toutes nos tristesses : Deschartres n’étant pas là, nous serions encore heureux comme autrefois, j’en suis sûr. Je t’aime tant, quoi que tu en dises, que tu finirais bien par y croire. Ta dernière lettre est bonne comme toi, et dans ma joie, je l’ai montrée à tout le monde[1]. Ne me gronde pas. Je t’embrasse de toute mon ame.

« Beaumont a fait un mélodrame pour la Porte-Saint-Martin. Ce n’est pas bon, mais cela n’est pas nécessaire pour avoir du succès. Et d’ailleurs, cela l’amuse tant[2].

« Le voyage de l’empereur remet au mois de septembre mon projet de retourner de suite auprès de toi ; mais alors j’irai faire tes vendanges, et si Deschartres fait encore le docteur, je le camperai dans sa cuve. » Mon père eut à cette époque une fièvre scarlatine pendant laquelle René écrivait à ma grand’mère pour la rassurer, et il lui échappait quelques indiscrétions involontaires sur ma naissance, dont il la croyait informée. Il n’est point question du mariage dans ces lettres.

Je ne pense pas qu’il en eût reçu la confidence, mais il attribue à la persévérance de l’attachement de Maurice

  1. C’est-à-dire à Sophie.
  2. J’ignore quel fut le sort du mélodrame de mon grand-oncle : je n’en sais même pas le titre.