croire que son fils fût mort de dépérissement et de fatigue ; elle prétendait que, la veille encore, il était en pleine voie de guérison, et qu’il avait été surpris par une convulsion nerveuse. « Et maintenant, dit-elle en sanglotant, il est dans la terre, ce pauvre enfant ! Quelle horrible chose que d’ensevelir ainsi ce qu’on aime, et de se séparer pour toujours du corps d’un enfant qu’un instant auparavant on soignait et on caressait avec tant d’amour ! On vous l’ôte, on le cloue dans une bière, on le jette dans un trou ! On le couvre de terre, comme si l’on craignait qu’il n’en sortît ! Ah ! c’est horrible, et je n’aurais pas dû me laisser arracher ainsi mon enfant.
J’aurais dû le garder, le faire embaumer !
— Et quand on songe, dit mon père, que l’on enterre souvent des gens qui ne sont pas morts ! Ah ! il est bien vrai que cette manière d’ensevelir les cadavres, est ce qu’il y a de plus sauvage au monde.
— Les sauvages ! dit ma mère, ils le sont moins que nous. Ne m’as-tu pas raconté qu’ils étendent leurs morts sur des claies, et qu’ils les suspendent, desséchés, sur des branches d’arbres ? J’aimerais mieux voir le berceau de mon petit enfant mort, accroché à un des arbres du jardin, que de penser qu’il va pourrir dans la terre ! Et puis, ajouta-t-elle, frappée de la réflexion qui était venue à mon père, s’il n’était pas mort, en effet ! Si on avait pris une convulsion