Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 1a4 1855 Gerhard.djvu/624

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et que tout cela soit joli, ou bien je ne m’en mêle pas.

Voilà notre imagination allumée. Il s’agit de ne rien rapporter qui ne soit joli, et nous nous mettons à la recherche de ces trésors que jusque-là nous avions foulés aux pieds sans les connaître. Que de discussions avec Ursule pour savoir si cette mousse est assez veloutée, si ces pierres ont une forme heureuse, si ces cailloux sont assez brillans ! D’abord tout nous avait paru bon, mais bientôt la comparaison s’établit, les différences nous frappèrent, et, peu à peu, rien ne nous paraissait plus digne de notre construction nouvelle. Il fallut que la bonne nous conduisît à la rivière pour y trouver ces beaux cailloux d’émeraude, de lapis et de corail qui brillent sous les eaux basses et courantes. Mais, à mesure qu’ils sèchent hors de leur lit, ils perdent leurs vives couleurs, et c’était une déception continuelle. Nous les replongions cent fois dans l’eau pour en ranimer l’éclat. Il y a, dans nos terrains des quartz superbes et une quantité d’ammonites et des pétrifications antédiluviennes d’une grande beauté et d’une grande variété. Nous n’avions jamais fait attention à tout cela, et le moindre objet nous devenait une surprise, une découverte et une conquête.

Il y avait à la maison un âne, le meilleur âne que j’aie jamais connu.

Je ne sais s’il avait été malicieux dans sa jeunesse, comme tous ses pareils,