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DE GRIBOUILLE

reprirent les armes ; ceux qui tenaient pour le roi en firent autant, et l’on se rangea en bataille dans une grande plaine qui entourait le palais.

Le roi des bourdons, qui n’avait pas l’habitude de regarder en l’air, et qui voyait toujours à ras de terre, ne s’inquiéta pas d’abord de la sédition. Il mit sur pied son armée, qui était composée, en grande partie, de membres de sa famille ; car il avait équipé plus de quarante millions de jeunes bourdons qui étaient les enfants de son premier mariage, et, de son côté, la princesse des abeilles, sa femme, avait tout autant de sœurs dont elle s’était fait un régiment d’amazones fort redoutables.

Mais quelqu’un de la cour ayant levé les yeux et voyant l’armée de la reine des prés dans les airs, avertit le roi qui, tout aussitôt, devint sombre et commença à bourdonner d’une manière épouvantable.

« Or donc, dit-il, le danger est fort grand. Que ces misérables mortels se battent entre eux, laissons-les faire ; nous ne sommes pas trop pour nous défendre contre l’armée des oiseaux qui nous menace. »

La princesse des abeilles, sa femme, lui dit alors :

« Sire, vous perdez la tête ; jamais nous ne pourrons nous défendre des oiseaux ; ils sont aussi agiles et mieux armés que nous. Nous en blesserons quelques-uns et ils