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HISTOIRE

allons bien nous amuser, à présent que le bon Gribouille sera des nôtres. »

Et une folle avoine s’écria : « Je suis d’avis que nous donnions un grand bal pour fêter l’arrivée de Gribouille.

— Patience ! reprit le narcisse, qui avait l’air plus raisonnable que les autres ; vous ne pourrez rien pour Gribouille tant que la reine ne l’aura pas embrassé.

— C’est juste, répondirent les autres plantes ; faisons un somme en attendant ; mais prenons garde que le vent, qui est en belle humeur aujourd’hui, ne nous enlève Gribouille. Enlaçons-nous autour de notre ami. »

Alors le narcisse étendit sur la tête de Gribouille une de ses grandes feuilles, en lui disant : « Dors, Gribouille, voilà un parasol que je te prête. » Cinq ou six primevères se couchèrent sur ses pieds, une troupe de jeunes muguets vint s’asseoir sur sa poitrine, et une douzaine d’aimables pervenches se roulèrent autour de lui et l’enlacèrent si adroitement, que le plus méchant vent du monde n’eût pu l’emporter.

Gribouille, ranimé par la bonne odeur de ces plantes affables, par la fraîcheur de l’herbe et le doux ombrage du narcisse, goûta un sommeil délicieux, tandis que les muguets lui faisaient tout doucement cent petits contes à dormir debout, et que les pâquerettes chantonnaient des