Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/149

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gratitude enthousiaste ! Jacques ! vous êtes toujours le meilleur des hommes, et vous avez pour maîtresses la meilleure des femmes ! Ce bonheur vous était dû ; en homme généreux, vous avez voulu me donner du bonheur aussi, et, grâce à vous, cette femme est mon amie ! Oh ! que vous êtes grands tous les deux !

Et, dans un élan irrésistible, Isidora pencha son visage baigné de larmes jusqu’à effleurer de ses lèvres tremblantes les mains du craintif jeune homme.

— Laissez, Madame, laissez, répondit-il effrayé de l’émotion qui le gagnait et en faisant un effort pour s’éloigner d’elle, autant que le permettait la largeur du siège de marbre ; vous êtes dangereuse jusque dans vos meilleurs mouvements, et je ne peux pas vous écouter sans frayeur. Vous êtes hardie et vous aimez à profaner, jusque dans vos élans d’amour pour les choses saintes. Ôtez de votre imagination audacieuse l’idée de cette liaison intime avec madame de T***. Sachez, en un mot, que je suis le précepteur de son fils, et, par conséquent, le commensal et l’habitué nécessaire de sa maison. Je venais lui parler de son enfant, quand je suis entré étourdiment dans son petit salon. Je ne me permets pas d’autres sentiment envers elle qu’un dévouement respectueux, et l’estime qu’on doit à une