Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/198

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vous-même. Oh ! ne laissez pas tomber dans la poussière ce poème, ce roman de votre vie, comme vous l’appelez. Si vous avez jamais rencontré une âme capable de connaître et d’inspirer de l’amour véritable, c’est celle de Jacques ; je le connais peut-être plus que vous-même, continua-t-elle avec un calme et mélancolique sourire. Depuis plusieurs mois que je le vois tous les jours, et que je l’entends expliquer à mon fils les éléments du beau et du bon, je me suis assurée que c’était un noble caractère et une noble intelligence. Et puis, ce n’est pas un homme du monde ; sa vie est pure : la solitude, la pauvreté l’ont formé au courage et au renoncement. Il a sur la religion et la morale des idées plus élevées que celles d’aucun homme que j’aie connu. Ne le craignez pas, acceptez de lui la lumière de la sagesse, et rendez-lui le feu sacré de l’amour. Vous pouvez encore être heureuse par lui, et lui par vous, Julie ; que votre enthousiasme mutuel ne soit pas une faute et un égarement dans votre double existence. Vous vous êtes plu, maintenant aimez-vous ; et si cet amour ne peut devenir éternel et partait, faites-le durer assez, ennoblissez-le assez pour qu’il vous soit salutaire à tous deux et vous dispose à mieux comprendre l’idéal de l’amour.