Tout à coup la porte de son salon se rouvrit, et elle vit rentrer Adhémar.
— Tenez, tenez, ma cousine, lui dit-il d’un air moqueur, vous allez voir le héros de l’aventure ; c’est lui, j’en suis certain, car j’ai une mémoire qui ne pardonne pas, et d’ailleurs, la femme de votre concierge l’a reconnu et l’a nommé.
— Quelle aventure, quel héros ? Je ne sais plus de quoi vous me parlez, Adhémar.
— L’aventure du bal masqué ; le dernier amant d’Isidora à Paris, il y a trois ans : ah ! c’est charmant, ma parole ! Et le plus joli de l’affaire, c’est que vous réchauffiez ce serpent dans votre sein, cousine… Je veux dire dans le sein de votre famille !
— Ne vous battez donc pas les flancs pour rire ; expliquez-vous.
— Je n’ai pas à m’expliquer : le voilà qui arrive de province, frais comme une pêche, et qui descend dans votre cour.
— Mais qui ? au nom du ciel !
— Vous allez le voir, vous dis-je ; je ne veux pas le nommer ; je veux assister à ce coup de théâtre. Je suis revenu sur mes pas bien vite, après l’avoir nettement reconnu sous la porte cochère. Ah ! le scélérat ! le Lovelace !