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et des routes durement creusées sur presque tous les points de l’arrondisement de La Châtre. Ce n’est qu’en Brenne que nous pouvons espérer de remonter nos métairies par l’acquisition de ces juments brandines, qui s’allient si bien au sang percheron et au sang arabe, leur cousin germain, leur aïeul peut-être[1].

CONCOURS DE MÉZIÈRES.

Cette année, le concours des poulains et des juments de la Brenne a été des plus remarquables. Dans un vaste cirque de verdure, ombragé de beaux arbres, et borné par les sinuosités de la Claise, cette foule de jeunes quadrupèdes, hennissant et bondissant autour de leurs mères, offrait un spectacle aussi gracieux pour le peintre qu’intéressant pour l’agriculteur. On pouvait voir là le progrès rapide dans l’élégance des formes du poulain, et constater la bonté de la souche dans le flanc solide, la jambe sèche, et le large poitrail de la haquenée sa nourrice. Le caractère intelligent, et doux de cette race, qui vit avec l’homme des champs comme le coursier d’Arabie avec son maître, pouvait aussi être constaté sur place. Le vaste et fier troupeau, agité par l’aspect de la foule, étonné de se voir retenu par des liens dont il ignorait encore l’usage, se livrait à un grand mouvement et à un grand bruit, mais sans colère et sans perfidie. Un enfant suffisait pour contenir les plus mutins, et l’on pouvait circuler, dans ce troupeau sauvage, sans craindre ni ruades ni morsures.

Les jeunes dompteurs indigènes, déjà mieux vêtus mieux nourris, et mieux portants que par le passé, pro-

  1. On prétend que les seigneurs croisés nous ont ramené beaucoup de chevaux de l’Orient et de l’Afrique, qui ont engendré notre race brandine. À voir la construction du cheval brennoux, cette supposition ne parait point trop hasardée.